Washington s’en prend à l’Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d’un Etat de Palestine
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des restrictions de visas contre des responsables de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine campagne internationale en faveur d’un Etat de Palestine.
L’annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, provoquant la colère d’Israël et des Etats-Unis qui parlent d’une « récompense » faite au Hamas dans la bande de Gaza.
La France et l’Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l’ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.
Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une « insulte » faite aux victimes de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Dans un communiqué jeudi, le département d’Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, sans les identifier, accusés notamment d’ »internationaliser le conflit avec Israël ».
Washington reproche aux deux institutions de « soutenir des actions au sein d’organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs » datant de 1989 et 2002, notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).
Cette dernière a émis des mandats d’arrêt visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant. Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI.
Principal allié d’Israël, Washington accuse aussi l’OLP et l’Autorité palestinienne de « continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l’incitation et la glorification de la violence » dans les livres scolaires, une accusation de longue date.
Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole adjoint du département d’Etat, Tommy Pigott, s’est refusé à livrer les noms des personnes concernées ni combien et à quel niveau de responsabilité, arguant notamment du fait que le gouvernement américain se donne le droit, le cas échéant, de décider d’exemptions « au cas par cas ».
Il a également écarté tout lien avec les développements récents, soulignant qu’il s’agissait d’un rapport biannuel au Congrès, et que l’ancienne administration de Joe Biden était parvenue au même constat, celui d’un non-respect des engagements, mais n’avait pas pris de mesures. « Nous l’avons fait ».
« Distorsion morale »
« Il est dans l’intérêt de notre sécurité nationale d’imposer des sanctions et de tenir l’OLP et l’Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix », a indiqué le département d’Etat.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s’est aussitôt félicité de cette décision, relevant sur X que cette mesure « met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l’Autorité palestinienne au terrorisme et à l’incitation à la haine ».
L’Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas et qui administre la Cisjordanie occupée, n’a pas réagi dans l’immédiat.
L’OLP, créée en 1964 et dirigée durant des décennies par Yasser Arafat, rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le Hamas, qui s’est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.
Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l’Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien par trois fois à la Maison Blanche, plus qu’aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.
Mais il s’est montré peu disert sur l’Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.
Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, malgré une recrudescence des violences.
Source : h24info.ma