WeTransfer va-t-il utiliser vos fichiers pour entraîner une IA ?
WeTransfer a modifié ses conditions générales d’utilisation le 23 juin, incluant une clause sur l’utilisation du contenu des utilisateurs pour améliorer ses services, ce qui a provoqué un tollé général parmi les internautes
Tollé général. Il y a quelques jours, les internautes ont tiqué sur un point des nouvelles conditions générales d’utilisation de WeTransfer, le service de partage de fichiers. Modifiées le 23 juin, celles-ci mentionnaient depuis que les internautes consentaient à laisser le site « utiliser [leur] contenu à des fins d’exploitation, de développement, de commercialisation et d’amélioration du service ou de nouvelles technologies ou de nouveaux services, y compris pour améliorer les performances des modèles d’apprentissage automatique qui améliorent notre processus de modération du contenu, conformément à la politique en matière de confidentialité et de cookies ».
Il n’en a pas fallu plus pour que les gens crient au scandale. Cette formulation laisse entendre que tous les fichiers qui transitent par le site viennent entraîner une IA. Les internautes s’inquiétaient notamment de savoir que des fichiers très professionnels ou personnels pouvaient être lus, et que leurs données puissent être régurgitées dans le futur par un agent conversationnel.
Une pratique autorisée, mais qui ne ravit pas tout le monde
La pratique est pourtant autorisée. « Il n’y a pas de loi française sur l’apprentissage des grands modèles, rappelle Alain Bensoussan, avocat expert en droit du numérique. Du côté européen, le règlement sur l’IA entre en vigueur en août 2026, et ne comporte pas d’obligation si ce n’est la transparence. » Les utilisateurs sont donc liés par les conditions d’utilisation des logiciels. Si les données partagées sont personnelles, c’est à l’émetteur de faire attention à ce que la sécurité des échanges soit assurée. L’épineuse question du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle des données d’entraînement, en particulier pour les IA productrices d’images, fait, elle, l’objet d’un vide juridique.
Malgré la réticence d’une partie du public pour l’IA, Alain Bensoussan note quand même une nuance. « Il y a un avantage à avoir des outils des gratuits, pointe l’avocat. L’intelligence artificielle permet par exemple un accès pour tous à une quantité d’informations sur les civilisations passées et présentes. Vaut-il mieux un ChatGPT gratuit qui s’entraîne sur des données ou un outil payant pour tout le monde ? »
En tout cas, face au bad buzz, WeTransfer a toutefois été obligé de revenir sur la situation, en précisant que cette clause concernait uniquement les outils de modération du site. « Nous n’utilisons pas l’apprentissage automatique ou toute autre forme d’intelligence artificielle pour traiter le contenu partagé via WeTransfer, et nous ne vendons pas non plus de contenu ou de données à des tiers », a ajouté un porte-parole de l’entreprise auprès de la BBC. La formulation des conditions d’utilisation du service a depuis été modifiée, effaçant la mention de « modèles d’apprentissage automatiques ».
Source : 20minutes.fr