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Au Pakistan, six morts dans un attentat-suicide contre un bus scolaire ; Islamabad accuse New Delhi

L’armée pakistanaise et les autorités locales ont menacé de représailles « les affidés de l’Inde » qu’ils voient derrière cette attaque – bien qu’elle n’ait pas été revendiquée. Le 10 mai, le Pakistan et l’Inde ont accepté un cessez-le-feu, une dizaine de jours après leur pire confrontation militaire depuis des décennies.

Six personnes ont été tuées, mercredi 21 mai, dans un attentat-suicide contre leur bus scolaire au Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, une attaque qu’Islamabad a attribuée à l’Inde, une dizaine de jours après leur pire confrontation militaire depuis des décennies.

« Le bus d’une école réservée aux enfants de militaires a été ciblé » par « un attentat-suicide selon les premiers résultats de l’enquête », a déclaré Yasir Iqbal Dashti, haut responsable de l’administration locale, à l’Agence France-Presse (AFP).

« Quatre enfants ont été tués », ainsi que « le chauffeur du bus et un autre employé de la compagnie de transport », a de son côté affirmé Safraz Bugti, chef du gouvernement provincial du Baloutchistan, lors d’une conférence de presse aux accents belliqueux. Comme l’armée pakistanaise, il a menacé de représailles « les affidés de l’Inde au Baloutchistan » qu’ils voient derrière cette attaque – bien qu’elle n’ait pas été revendiquée jusqu’ici.

« Des terroristes opérant sous patronage indien pour attaquer des enfants innocents dans un bus scolaire sont une preuve évidente d’hostilité », a assuré le bureau du premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, qui a promis que les responsables seraient « sévèrement punis ».

Le 10 mai, le Pakistan et l’Inde ont accepté un cessez-le-feu qui a mis fin à des échanges de tirs de missiles, des nuées de drones lancées chez le voisin et des tirs et barrages d’artillerie transfrontaliers. Cette nouvelle escalade entre les rivaux historiques avait débuté après une attaque meurtrière au Cachemire administré par l’Inde, menée, selon New Delhi, par des djihadistes soutenus par Islamabad. Le Pakistan dément formellement et accuse en retour l’Inde de soutenir, d’armer et de financer, entre autres, les rebelles baloutches.

Plus de 240 personnes tuées depuis le début de l’année

Ces dernières semaines, Islamabad a attribué de nombreuses attaques dans l’ouest de son territoire à des assaillants agissant pour le compte des « supplétifs de l’Inde », notamment la spectaculaire prise d’otages dans un train au Baloutchistan en mars. Régulièrement, l’armée de libération du Baloutchistan (BLA) et la branche régionale du groupe Etat islamique (EI-K) revendiquent des attentats dans cette province.

Les violences se sont multipliées dans l’ouest du Pakistan, frontalier de l’Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul à l’été 2021. Islamabad accuse son voisin de ne pas déloger les rebelles qui utilisent son sol pour attaquer le Pakistan, ce que l’Afghanistan dément.

L’année 2024 a été la plus meurtrière en près d’une décennie au Pakistan, avec plus de 1 600 morts, pour près de la moitié des soldats et des policiers, selon le centre pour la recherche et les études sur la sécurité d’Islamabad.

Au total, depuis le 1er janvier, selon un décompte de l’AFP, plus de 240 personnes, en majorité des membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l’Etat, au Baloutchistan comme dans la province voisine du Khyber Pakhtunkhwa. En 2014, cette dernière province avait été endeuillée par une attaque des talibans pakistanais contre une école militaire de Peshawar, qui avait tué plus de 150 personnes, en grande majorité des enfants.

Source : lemonde.fr