Techonologie

Huawei au cœur d’un scandale de corruption au Parlement européen

Une vingtaine de perquisitions a été menée en Belgique et au Portugal dans le cadre de cette affaire. Plusieurs élus et anciens députés européens seraient dans le collimateur des enquêteurs. L’entreprise chinoise les aurait rétribués pour contrer le lobbying américain visant à l’exclure des marchés sensibles.

Le Parlement européen est éclaboussé par une nouvelle affaire de corruption. Après le Qatargate qui avait mis en lumière en 2022 l’implication de députés dans la défense des intérêts du Qatar en échange d’argent, un autre scandale impliquant Huawei vient d’éclater.

« Une organisation criminelle »

Jeudi 13 mars à l’aube, 21 perquisitions ont été menées en Belgique et au Portugal et un suspect a été arrêté en France, dans le cadre d’une enquête ciblant le géant chinois des télécoms. Les investigations visent des faits de « corruption active au sein du Parlement européen » ainsi que des « faux et usage de faux », le tout dans le cadre d’une « organisation criminelle ».

Selon le parquet fédéral belge, la corruption aurait été pratiquée « régulièrement » et « très discrètement » depuis 2021, « sous couvert de lobbying commercial ».

Des députés anciens et actuels ainsi que des assistants parlementaires auraient été grassement rémunérés pour « promouvoir des intérêts commerciaux purement privés dans le cadre de décisions politiques ». Huawei les aurait payé pour contrer le lobbying hostile des États-Unis, qui s’est intensifié dès 2019, pour exclure les sociétés de télécoms chinoises des marchés sensibles.

Alors que le code de conduite du parlement européen impose à ses députés de déclarer tout bien offert par un tiers, d’une valeur supérieure à 150 euros, l’enquête révèle que les parlementaires impliqués dans cette affaire auraient reçu des « cadeaux démesurés », sous forme de voyages, de frais de bouche et d’invitations pour des matchs importants ainsi que des virements de plusieurs milliers d’euros.

Selon le parquet fédéral belge, les versements ou autres avantages patrimoniaux auraient été dissimulés « dans des flux financiers liés à des prises en charge de frais de conférences, et payés à différents intermédiaires ».

Les perquisitions qui ont eu lieu au Portugal ont ciblé une société soupçonnée d’avoir reçu des virements destinés à un ou à plusieurs députés européens. A Bruxelles et à Strasbourg, plusieurs scellés ont été posés dans certains bureaux, dont deux attribués à des assistants parlementaires.

Le parlement européen prêt à coopérer

Dans une première réaction, Huawei a affirmé avoir une politique de tolérance zéro envers la corruption. « Huawei prend ces allégations au sérieux et communiquera de manière urgente avec les enquêteurs pour mieux comprendre la situation », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.

De son côté, le Parlement européen a dit « prendre acte » de l’enquête et être prêt à y « coopérer pleinement » si la justice belge le sollicite. L’institution a annoncé par ailleurs qu’elle interdisait temporairement l’accès de ses bâtiments à tous les lobbyistes et représentants de l’entreprise chinoise.

Huawei est déjà en très mauvaise posture dans l’UE. Prenant le relais des Américains, Bruxelles a appelé en 2023 les Etats membres à exclure ses équipements de leurs réseaux mobiles, estimant qu’ils représentaient un risque pour la sécurité.

Source : usine-digitale.fr