Guerre Israël-Hamas : le centre de Gaza et des grandes villes de Cisjordanie visés par des frappes israéliennes
Dans un entretien téléphonique avec Benyamin Nétanyahou, Emmanuel Macron a réitéré sa demande en faveur d’un « cessez-le-feu durable » dans la bande de Gaza.
Outre les attaques menées par les forces armées israéliennes dans la bande de Gaza, principalement dans le centre jeudi 28 décembre, celles-ci ont multiplié dans la nuit les raids dans des grandes villes de Cisjordanie occupée, notamment à Jénine et à Ramallah, où siège l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, selon l’agence officielle WAFA. Un Palestinien a ainsi été tué à l’aube lors d’une incursion de l’armée israélienne à Ramallah, au cours de laquelle des bureaux de change – accusés par Israël de transférer de l’argent au Hamas – ont été perquisitionnés, selon WAFA.
« Le recours à des tactiques militaires et aux armes dans des contextes de maintien de l’ordre, l’utilisation d’une force non nécessaire et disproportionnée et l’application de restrictions de mouvement élargies, arbitraires et discriminatoires affectant les Palestiniens sont extrêmement préoccupants », a déclaré le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un communiqué. Ce dernier a demandé jeudi à Israël de « mettre fin aux homicides illégaux » au sein de la population palestinienne en Cisjordanie occupée, dénonçant une détérioration rapide des droits humains dans cette zone.
Quatorze autres Palestieniens ont été blessés, dont quatre par balle, lors d’affrontements qui ont éclaté avec les soldats israéliens, a précisé l’agence WAFA. Trois autres Palestiniens ont été arrêtés par l’armée « à leurs domiciles », toujours selon l’agence officielle palestinienne, qui déclare que l’armée israélienne a, en outre, perquisitionné plusieurs bureaux de change et « saisi 10 millions de shekels » (2,5 millions d’euros) dans différentes villes de Cisjordanie occupée.
Le ministère de la défense israélien a pour sa part affirmé que l’opération contre les bureaux de change avait été lancée après que le ministre, Yoav Gallant, « a signé un ordre les classant comme des organisations terroristes », les accusant de transférer des fonds au Hamas et au Jihad islamique palestinien, les deux principaux groupes armés palestiniens. L’armée israélienne a de son côté énoncé dans un communiqué que ses forces avaient mené en Cisjordanie « une vaste opération pour confisquer les fonds terroristes du Hamas » au cours de laquelle elles ont « saisi des millions de shekels et arrêté vingt et une personnes recherchées pour possession de fonds terroristes ».
L’état-major de l’armée israélienne a par ailleurs mis en garde contre l’intensification des tirs le long de la frontière avec le Liban, pays d’où opère le Hezbollah. Ce mouvement fait partie, comme le Hamas palestinien, de « l’axe de la résistance », un regroupement de groupes armés proche de l’Iran et hostiles à Israël.
D’ailleurs, l’Iran a menacé mercredi Israël « d’actions directes et d’autres menées par le front de la résistance », après la mort lundi, dans une frappe en Syrie, qu’il impute à Israël, de Razi Moussavi, un de ses hauts gradés.
« Expansion des combats dans le Nord »
Et le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a affirmé que les forces israéliennes « sont dans un état de niveau de préparation très élevé pour une expansion des combats dans le Nord », où les affrontements entre Israël et le Hezbollah sont quasi quotidiens depuis le début des combats à Gaza.
Dans la bande de Gaza, les militaires israéliens ont déclaré poursuivre leurs opérations à Khan Younès, principale ville du Sud, mais aussi dans les camps de réfugiés du centre du territoire.
Le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, a fait état de frappes mortelles dans la nuit à Nousseirat et Deir Al-Balah, dans le centre de ce territoire de 2,4 millions d’habitants, parmi lesquels 1,9 million (85 %) ont été déplacés par la guerre. Le ministère gazaoui, dans son dernier bilan, fait état de 21 110 morts dans la bande de Gaza – 6 300 femmes et 8 800 enfants. Côté israélien, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens, l’attaque de commandos du Hamas a fait environ 1 140 morts, la plupart des civils.
Environ 250 personnes ont été enlevées par le Hamas, dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël, qui a déclaré jeudi que trois des 167 soldats morts jusqu’à présent, ont été tués mercredi.
« Cessez-le-feu durable » ?
A Gaza, la population locale fait face à un « grave danger » avec « la faim et le désespoir » qui s’aggravent, au point où « des personnes affamées ont bloqué notre convoi dans l’espoir de trouver à manger », a alarmé l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans un entretien téléphonique avec Benyamin Nétanyahou, Emmanuel Macron a, lui, réitéré sa demande en faveur d’un « cessez-le-feu durable » dans la bande de Gaza, a fait savoir l’Elysée.
L’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, dont le pays avait mené une médiation ayant permis une trêve à la fin de novembre, s’était entretenu cette semaine avec le président des Etats-Unis, à propos du besoin d’un « cessez-le-feu permanent », et non seulement d’une simple pause dans les combats.
Le bilan s’alourdit de jour en jour
Cette trêve avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée sur le territoire de la bande de Gaza d’un important volume d’aide humanitaire. Mais les efforts des médiateurs, égyptiens et qataris, n’ont pas permis de la renouveler, alors que le bilan s’alourdit à chaque jour.
Selon le ministère de la santé du Hamas, 195 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures dans la bande de Gaza par les forces israéliennes. Le ministère a affirmé mercredi que l’armée avait notamment visé une maison voisine de l’hôpital Al-Amal de Khan Younès, faisant 22 morts et 34 blessés.
Tentant d’échapper aux bombardements incessants, des Palestiniens qui avaient trouvé refuge dans une école de l’ONU située dans le camp de Nousseirat (centre) fuyaient mercredi vers le sud en chargeant des matelas, des couvertures, des bagages sur des charrettes, ou sur le toit de leurs voitures.
Source : lemonde.fr