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Dans l’ombre de Joe Biden, Kamala Harris « en marathonienne » de la campagne présidentielle américaine

Étant donné l’âge avancé de Joe Biden, candidat démocrate à la présidentielle américaine de 2024, sa colistière et actuelle vice-présidente, Kamala Harris, va jouer un rôle majeur dans cette campagne. Habituellement discrète, elle va devoir prendre les rênes de la tournée fédérale du candidat.

Face aux critiques sur l’âge de Joe Biden, 80 ans et candidat à un second mandat à la tête des États-Unis, sa colistière Kamala Harris pourrait jouer un rôle de premier plan dans la campagne pour la présidentielle de 2024. Très attendue, elle s’est pourtant fait discrète ces derniers mois.

Une position « saine », liée à sa fonction de vice-présidente, affirme Ellen Kountz, professeure à l’INSEEC Paris. Pour l’auteure de « Portraits de Veep, l’incroyable histoire de Kamala Harris », sa discrétion est avant tout le signe que « tout va bien » : « Le vice-président américain doit être quelqu’un de peu vu et de peu entendu. Il s’agit aussi d’une question de courtoisie envers le président. Il est très rare que des vice-présidents aient éclipsé le chef d’État comme cela s’est vu au temps de Georges W.Bush avec Dick Cheney. Ça n’était pas normal. »

Pour autant, « Kamala Harris est à l’œuvre, discrètement certes, mais elle fait le job », poursuit Ellen Kountz. « Si vous observez son parcours de procureure générale et de sénatrice de la Californie, c’est quelqu’un qui ne prend aucun risque. Et ça a été un pari gagnant jusqu’ici ».

Tournée dans les universités

Dans les sondages pourtant, la discrétion de la colistière de Joe Biden ne paie pas. Selon le site FiveThirtyEight, qui agrège des enquêtes d’opinion, un peu moins de 40 % des Américains ont une opinion favorable de la vice-présidente, Joe Biden évolue peu ou prou dans les mêmes eaux.

Toutefois, le vent pourrait tourner, Kamala Harris ayant entamé une tournée des universités intitulée « Le combat pour nos libertés », avec la volonté de s’adresser, durant un mois, surtout à un auditoire afro-américain ou issu de minorités.

L’accueil qui lui a été réservé, le 19 septembre, au lancement de cette campagne dans l’université de Pennsylvanie a été des plus chaleureux, fanfare, chorégraphies et acclamations à l’appui.

Dans la campagne pour 2024, Kamala Harris, première femme mais aussi première Noire et première Américaine d’origine asiatique à avoir accédé au poste de vice-présidente des États-Unis, espère mobiliser la jeunesse américaine, que Joe Biden n’enthousiasme guère. Les armes à feu, l’accès à l’avortement, l’environnement, les discriminations, seront notamment les thématiques phares abordées auprès de cette audience.

Ce rôle de pont vers la nouvelle génération est apparu en pleine lumière pendant la présentation, le 22 septembre, à la Maison Blanche, d’un « Office pour la prévention de la violence par armes à feu » que Kamala Harris va superviser. Sur l’estrade, ce jour-là : le président Joe Biden, le démocrate Maxwell Frost, 26 ans, premier élu de la « Génération Z » au Congrès, et au milieu, Kamala Harris, 58 ans, comme pour tracer un trait d’union.

« Kamala Harris va devoir endosser le rôle de la marathonienne » 

Mais pour Ellen Kountz, il serait réducteur de limiter Kamala Harris à ce rôle. La spécialiste rappelle la stature internationale acquise ces dernières années par la vice-présidente, qui a effectué une tournée récente en Afrique, la conduisant au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, après la Corée du Sud en 2022.

L’année prochaine, Kamala Harris va devenir une actrice majeure de la course à la Maison Blanche puisqu’elle sera aussi sollicitée pour seconder le candidat démocrate dans sa tournée américaine. « À la différence de 2020, où la campagne avait eu lieu en pleine pandémie de Covid-19 et en partie par Zoom, ils vont devoir parcourir cette fois les 50 États américains. C’était déjà éprouvant pour Barack Obama, qui avait une quarantaine d’années lors de sa campagne en 2008. Donc avec Joe Biden qui a 80 ans, Kamala Harris va devoir endosser le rôle de la marathonienne », prédit Ellen Kountz.

Pourquoi donc Joe Biden ne lui laisse-t-il pas la place ? « Face à Donald Trump, les démocrates ne veulent prendre aucun risque » s’avance la spécialiste, qui rappelle au passage que le candidat républicain – âgé de 77 ans – n’a que trois ans de moins que l’actuel président américain. « On ne sait pas si Kamala Harris ou un(e) autre peut l’emporter. Mais Joe Biden, lui, a déjà battu Trump une fois ».

Source : France24