Guerre en Ukraine : des «explosions» entendues dans le centre de Kiev ce mercredi matin
Dans le même temps que la conférence internationale de soutien à l’Ukraine, organisée à Paris, le président ukrainien a demandé mercredi à la communauté internationale d’aider son pays à se débarrasser des mines et autres engins non explosés, qui selon lui infestent une surface équivalente à celle du Cambodge ou de l’Uruguay.
L’ESSENTIEL
« À ce jour, 174.000 kilomètres carrés de territoire ukrainien sont infestés par des mines ou d’autres engins non explosés », a affirmé Zelensky dans une adresse vidéo au Parlement de Nouvelle-Zélande. « Il n’y a pas de paix réelle pour tout enfant susceptible de mourir à cause d’une mine antipersonnel russe cachée », a-t-il insisté, en demandant à la Nouvelle-Zélande, dont l’armée est expérimentée en la matière, de diriger les efforts pour déminer et atténuer les conséquences environnementales du conflit.
Selon Volodymyr Zelensky, la mer Noire et la mer d’Azov sont également infestées de mines flottantes qui ont coûté la vie « à des centaines de milliers de créatures vivantes, mortes à cause des hostilités ». Il a accusé la Russie de perpétrer un « écocide » dans son pays.
« La totalité des 13 drones » kamikazes abattus par la défense antiaérienne ukrainienne
La défense antiaérienne ukrainienne a abattu « la totalité des 13 drones » lancés par la Russie lors de nouvelles frappes sur Kiev et ses environs lundi matin, a indiqué le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo.
« Les terroristes ont commencé la matinée avec 13 Shahed », a déclaré M. Zelensky en référence aux drones kamikazes de fabrication iranienne. « Selon des informations préliminaires, la totalité des 13 ont été abattus par notre système de défense antiaérienne », s’est-il félicité.
Des « explosions » entendues dans le centre de Kiev
Des explosions ont été entendues dans le centre de Kiev mercredi matin, a annoncé le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko, après une apparente attaque de drones. « Des explosions dans le quartier de Shevchenkivsky. Les services (d’urgence) sont en chemin », a indiqué le maire sur un réseau social, précisant que le système de défense anti-aérien avait abattu dix drones kamikazes de fabrication iranienne au-dessus de Kiev et de ses environs.
La Nouvelle-Zélande envoie une centaine de militaires pour former les soldats ukrainiens
« J’ai entendu vos appels à plus de soutien, en particulier pour ce qui est des impacts à long terme de la guerre, notamment sur l’environnement », lui a répondu la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern. « Nous sommes avec vous quand vous recherchez la paix, mais nous serons également avec vous quand vous reconstruisez », a-t-elle affirmé.
La Nouvelle-Zélande a envoyé une centaine de ses militaires en Europe pour former les soldats ukrainiens, et a annoncé mercredi une aide humanitaire supplémentaire de deux millions de dollars américains pour aider l’Ukraine a traverser l’hiver.
Plus d’un milliard d’euros de dons lors de la conférence internationale
Justement, la conférence internationale de soutien à l’Ukraine, organisée à Paris, a permis d’engranger plus d’un milliard d’euros de dons pour aider la population à passer l’hiver dans un pays aux infrastructures ravagées par les attaques russes. « Je suis heureuse de vous annoncer que nous dépassons » les 800 millions d’euros d’aide d’urgence réclamés mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’ouverture de la réunion, s’est réjouie la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, aux côtés du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
Avec cela, « notre pays ne sombrera pas dans le noir », s’est réjoui ce dernier, se félicitant du « signal puissant » de soutien à l’Ukraine du « monde civilisé ». Cette réunion de plus de 70 délégations d’Etats ou d’organisations a été montée pour permettre à l’Ukraine de passer l’hiver et contrer les effets de la récente stratégie russe consistant à frapper les infrastructures, notamment énergétiques, pour accabler la population à l’approche de l’hiver.
Sur le milliard d’euros annoncé mardi, 415 millions seront alloués au secteur de l’énergie, 25 millions à celui de l’eau, 38 millions iront à l’alimentation, 17 millions à la santé, 22 aux transports, le reste, soit près de 493 millions d’euros, n’étant pas encore ventilé, a précisé la ministre française.
Après les conférences de Lugano, Varsovie et Berlin ces derniers mois, cette rencontre se voulait « pratico-pratique », avait expliqué à l’ouverture Emmanuel Macron, en présence de l’épouse de Volodymyr Zelensky. « Ce qui est très important pour nous, ce sont les équipements de haute tension (…), parce qu’ils sont parmi les cibles les plus prisées » des Russes, avait par exemple expliqué à l’AFP le ministre ukrainien de l’Energie Guerman Galouchtchenko.
Une stratégie « cynique » de la part de Moscou selon Macron
« La Russie, dont les faiblesses au plan militaire ont éclaté au grand jour, a opté pour une stratégie cynique », a déploré Emmanuel Macron, répétant que ces frappes constituaient « des crimes de guerre » qui ne resteraient « pas impunis ».
Concernant la partie française, Emmanuel Macron a annoncé pour début 2023 l’octroi d’une somme supplémentaire de 76,5 millions d’euros afin d’aider à passer l’hiver. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock a, quant à elle, déclaré que Berlin allait débourser 50 millions d’euros.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, rappelant que l’UE s’était engagée à fournir à Kiev une assistance macro-financière de 18 milliards d’euros en 2023, a annoncé l’achat au profit de l’Ukraine de 30 millions d’ampoules LED, nettement moins gourmandes en énergie.
Livraisons de rails et de ponts par la France
Une autre réunion, entre la délégation ukrainienne et des entreprises françaises, a eu lieu dans l’après-midi au ministère des Finances, permettant de signer des contrats pour la fourniture de rails, de ponts et de semences. Cette journée a aussi été l’occasion pour Emmanuel Macron d’afficher un engagement encore accru de la France aux côtés de l’Ukraine, après que plusieurs de ses récentes déclarations ont hérissé certains de ses alliés européens qui les jugent trop complaisantes envers Moscou.
Denys Chmygal a salué le « leadership » du chef de l’État français « concernant les points de préparation de la paix du président » Zelensky. Le Kremlin a écarté mardi le plan de paix ukrainien, répondant que Kiev devait céder les territoires dont la Russie revendique l’annexion avant toute négociation diplomatique, tandis que les combats et les bombardements se poursuivent, comme à Kramatorsk par exemple, dont le centre-ville et la zone industrielle ont été frappés le même jour, selon les autorités ukrainiennes
Ces aides annoncées à Paris s’ajoutent au soutien crucial en équipements militaires fourni par les Occidentaux, États-Unis en tête. L’Ukraine continue de demander à cor et à cri davantage d’armes, après avoir jusqu’ici progressivement refoulé l’armée russe.
« Compte tenu de l’ampleur de la guerre (…), nous allons devoir nous battre tout l’hiver », a déclaré mardi dans une conférence de presse en ligne le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, réclamant « plus de systèmes de défense antiaérienne et antimissiles et de munitions, de véhicules blindés, principalement à chenilles ». Il a aussi évoqué « un besoin très important » en « canons supplémentaires » de calibre 155 mm.
Une mobilisation des entreprises face aux destructions massives
Après la réunion du matin, plus de 700 représentants d’entreprises se sont retrouvés au ministère des Finances pour une rencontre sur les futurs marchés de la reconstruction de l’Ukraine. Face aux destructions massives, « il faut qu’on investisse dans un effort de reconstruction », a déclaré dans un message vidéo le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
« La mobilisation des entreprises (…) est à mes yeux cruciale » dès à présent, a déclaré Emmanuel Macron. « La France entend jouer un rôle décisif dans la reconstruction de l’Ukraine », a insisté le ministre de l’Economie Bruno Le Maire après la signature de différents accords, notamment sur la fourniture de 150 kilomètres de rail, de ponts flottants et de semences par des entreprises françaises et allemandes, avec des financements trouvés par la France.