Economie

5G : un marché de plusieurs milliards de dollars pour le Maroc, les défis à surmonter

Selon BKGR, le lancement de la 5G ouvrant un marché de plusieurs milliards de dollars pourrait transformer plusieurs secteurs clés, mais reste confrontée à des défis structurels et réglementaires que le Maroc devra impérativement surmonter.

À l’approche du lancement commercial de la 5G prévu en novembre 2025, le Maroc s’apprête à franchir un cap technologique majeur. Mais au-delà de l’innovation, c’est un marché à fort potentiel qui se dessine.

Selon une note sectorielle publiée par BMCE Capital Global Research (BKGR), cette nouvelle génération de connectivité pourrait générer entre 4 et 6 milliards de dollars de contribution économique d’ici 2030, soit l’équivalent de 1,5 à 2 % du PIB projeté. Une projection qui englobe les revenus directs des télécoms, les effets indirects liés aux services numériques et les gains induits en matière de productivité.

Cette dynamique ne concerne pas uniquement le Maroc. Toujours selon BKGR, la zone MENA dans son ensemble pourrait voir la 5G injecter jusqu’à 50 milliards de dollars dans son PIB à l’horizon 2030.

Une ambition régionale qui s’appuie sur des événements structurants, comme la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030. Ces deux compétitions à venir ont accéléré, d’après la note, la modernisation des infrastructures télécoms marocaines, notamment sous l’impulsion des standards de connectivité exigés par la FIFA.

5G au Maroc, un déploiement imminent et progressif

Pour accompagner cette transition vers la 5G, près de 40 milliards de dirhams d’investissements sont attendus dans les infrastructures et services associés. BKGR précise que ces montants couvriront le déploiement de la fibre optique, l’expansion du réseau d’antennes 5G, mais aussi le développement de services numériques portés par les PME, les start-ups technologiques et les opérateurs du génie civil.

Plusieurs secteurs clés sont identifiés comme bénéficiaires : logistique, industrie manufacturière, agriculture de précision, santé connectée et éducation à distance.

Toujours d’après la note, le plan de déploiement national marocain  prévoit une couverture initiale de huit grandes villes et de leurs aéroports dès novembre 2025, avec un élargissement à 25 % de la population fin 2026, puis 70 % à l’horizon 2030.

Dans un premier temps, la technologie 5G Non Stand Alone (NSA), reposant sur les infrastructures 4G existantes, sera privilégiée. La bascule vers une 5G Stand Alone (SA), plus performante, est attendue progressivement d’ici la fin de la décennie.

Des défis certes, mais surmontables

Mais cette montée en puissance ne va pas sans obstacles. BKGR souligne que la confiance des usagers envers les solutions digitales reste fragile, freinée par la faible interopérabilité des plateformes, la prédominance du cash dans les transactions et un déficit de sensibilisation.

Le développement du paiement mobile, pourtant porteur de plusieurs dizaines de milliards de dirhams de flux potentiels, reste largement sous-exploité. Pour y remédier, BKGR recommande une stratégie concertée impliquant banques, opérateurs télécoms et régulateurs.

Les arbitrages réglementaires sont également au cœur des enjeux. La suppression progressive des mesures de discrimination tarifaire, notamment l’asymétrie imposée à l’opérateur historique Maroc Telecom, est jugée essentielle pour rétablir une concurrence saine.

L’ouverture du marché aux opérateurs mobiles virtuels (MVNO) permettrait, selon BKGR, de stimuler la segmentation des offres et d’injecter davantage d’agilité dans l’écosystème.

Enfin, la 5G pourrait catalyser l’émergence d’un écosystème numérique marocain plus intégré. Le rapprochement entre banques et télécoms pour le déploiement du mobile payment, ainsi que la diversification des contenus digitaux (streaming, gaming, e-sport), sont identifiés comme des leviers de fidélisation et de rentabilité.

BKGR estime que ces synergies pourraient générer entre 4 et 5,5 milliards de dirhams de chiffre d’affaires additionnel annuel d’ici 2030, soit jusqu’à 15 % du marché data projeté. À cela s’ajouterait un gain de 1,5 à 2 points sur la marge d’excédent brut d’exploitation du secteur.

Source : h24info.ma